Depuis la fin des années 1960, l'art de Ka Moser évolue entre musique, performance musicale et peinture. Le premier de ses Farbengedichte (Poèmes de couleurs), abrégés en FG, qui ont eu une influence décisive sur son œuvre jusqu’à ce jour, est né spontanément sous forme de texte chanté pendant une performance.
Le fait remarquable que Ka Moser en tant qu’artiste plasticienne ait fait presque exclusivement de la musique dans les années 1980 suggère que ses œuvres peuvent être déchiffrées comme des retransmissions rendues visuelles. Ka Moser peint les couleurs à travers le filtre de l’imagination acoustique, en se servant d'une trame qui souligne autant le côté pictural que musical de ses compositions. L’élément de base en est le carré, toute autre forme résulte de sa répétition dans le même registre chromatique ou dans un différent, dans la prolifération systématique de duplicatas et d’images miroirs. Selon la largeur de la trame et celle du spectre chromatique, il en résulte des tableaux tantôt monochromes et calmes comme Rotmalgelb 6 Ton (1997), tantôt des collages aux allures de puzzles, animés de vibrations nerveuses, comme le Kaleidoscope-eye I (1996), qui est composé de 45 éléments couleurs imprimés au laser dans une trame de carrés. Le fait que ce travail rappelle de loin les graphismes réalisés sur ordinateur au début de l'ère numérique n'est pas un hasard. Ka Moser conçoit effectivement de plus en plus ses compositions sur ordinateur depuis la fin des années 1990, ouvrant à sa peinture poético-conceptuelle la voie vers le domaine des algorithmes. Outre les deux œuvres précitées, la Collection de la Mobilière possède également une partition monumentale Partitur von rot zu gelb (Partition du rouge au jaune - 1993), le poème de couleurs FG 3, Nr. 7 (1995) ainsi que trois dessins à l’aquarelle et au crayon de couleur de la série FG-Spiegelbild (Image miroir FG - 1999) – Februar, September/Dezember et September, N.Y. (Février, Septembre/Décembre et Septembre, N. Y.) – qui sont composés de deux feuilles de papier présentant chacune dix champs de couleur dont la disposition géométrique apparaît en image miroir sur la feuille d'en face. Le diptyque G-L’Ouverture de 2006 a été conçu selon le même principe, mais à l’huile sur toile coton et avec une beaucoup plus grande opacité.
Les explorations synesthétiques son-couleurs de Ka Moser s’inscrivent dans la riche histoire d’une abstraction géométrique qui ne développe pas de manière autonome ses principes de composition, mais les tire de l’expérience sensorielle de la musique.
Ka Moser, née Katharina Wüthrich en 1937 à Zurich (CHE), vit et travaille à Berne (CHE).
Domaines d’activités: dessin, peinture, assemblage, musique, photographie, excursions numériques, tirages photo