Kiluanji Kia Henda (*1979)

Les œuvres de l’artiste Kiluanji Kia Henda sont très étroitement liées à l’histoire de son pays d’origine, l’Angola. Jusqu’en 1975, le pays était occupé par les forces coloniales portugaises, puis un régime marxiste a repris le pouvoir. La guerre civile y régnera jusqu’en 2002. Le mode de travail de Henda se définit par une réflexion critique sur son origine et son identité.

«Redefining the Power» (Redéfinition du pouvoir) est une série de photographies où Kiluanji Kia Henda fait poser ses collègues luandais sur les socles vides d’anciens monuments colonialistes. Le point de vue adopté est le même que celui d’une série de cartes postales du temps de l’occupation portugaise de l’Angola. Les statues en bronze d'Alphonse Ier, roi du Portugal, ou du général Pedro Alexandrino da Cunha ont été retirées de leur socle au moment de l'indépendance de Luanda. Depuis, les socles de ces monuments sont vides, alors que le ministère de la culture tente de réaménager les places publiques de la ville. Dans sa série de photos, Henda reprend ce défi et définit l’idée qu’il se fait des modèles de la société en plaçant la jeune génération créatrice de Luanda sur les socles.

Autodidacte, Henda s’est laissé inspirer par les clichés réalisés par le journaliste John Liebenberg pour documenter l’apartheid et la guerre civile angolaise. On ne s’étonnera pas que l’artiste se déplace sans cesse entre sa ville d’origine Luanda et Lisbonne, la capitale portugaise des anciennes forces coloniales de l'Angola. Avec ces deux lieux de domicile et de travail, il fait écho à l’histoire de sa ville d’origine à différents niveaux.

Kiluanji Kia Henda est né en 1978 à Luanda (AGO). Il vit et travaille à Luanda et Lisbonne (PRT).

Domaines d’activité: photographie, sculpture

“We need to be fully aware that change is a perpetual condition. We will sail the unpredictable sea called reality according to our dreams and ambitions, our fears and imperfections. Art refuses reality, or at least, as the way it is perceived, therefore it may be understood as the rudder that gives direction to the sailing boat moved by the unstoppable winds of change.



Art practice is the exclusive act that allows us to materialize our dreamlike universe in forms and colors, sounds and words, but we shall never neglect its power for social intervention, its power to dismantle an ordinary life based on the intransigent and violent logic, imposed by the political systems that dictate our life in group.



Condemned to live as social animals, the environment that surround us will definitely be a key factor that shapes and challenges our concept of humanity. What our eyes see, will always be the reflection of what our heart feels. At a time when immorality and impunity are part of the rules of a game that can be highly fatal for the society, we urgently need to reclaim through art a lost delicacy: kindness to one another.



In the endless fields of fiction is legitimate to be a dreamer, to invent our own history, to give wings to our fantasies and give voice to peoples' concerns. So, let art give us the right to question and shape our environment. Let art provide the space and moment in which we can observe and debate, to love or reject, but never be indifferent. Let art be the means by which we can share not only the knowledge, but also affection. Finally, let art be the draft of our lives where we are free to risk and fail, in order to fight prejudices and shorten distances without having to inflict more pain on human beings.“



(«Nous devons être bien conscients que le changement est un état permanent. Nous voguerons sur cet océan imprévisible que l’on appelle réalité selon nos rêves et nos objectifs, nos peurs et nos erreurs. L’art refuse la réalité, ou en tout cas la manière dont elle est perçue, et donc il peut être compris comme le gouvernail qui donne sa direction au voilier, poussé, lui, par les vents indomptables du changement.



La pratique de l’art est la seule démarche qui nous permette de transposer notre univers onirique en formes et en couleurs, en sons et en mots. Pourtant, nous ne négligerons jamais sa capacité d’intervention sociale, sa capacité à démonter une vie ordinaire, reposant sur la logique violente et sans compromis qu’imposent les systèmes politiques qui déterminent notre vie en groupe.



L’environnement qui nous entoure devient sans aucun doute un facteur clé pour nous qui sommes condamnés à vivre comme des animaux sociaux, un facteur qui imprègne et stimule notre concept de l’humanité. Ce que nos yeux voient sera toujours le reflet de ce que notre cœur ressent. A une époque où l’immoralité et l’impunité font partie des règles d'un jeu qui peut être extrêmement funeste pour la société, il est absolument urgent que nous réclamions la restitution par l’art de la délicatesse que nous avons perdue, à savoir l’amabilité réciproque.



Dans les domaines infinis de la fiction, il est légitime d’être un rêveur, d’inventer notre propre histoire, de donner des ailes à notre imaginaire et de faire entendre les requêtes des individus. Laissons donc l’art nous autoriser à remettre en question notre milieu et à l’organiser. Laissons l’art nous donner l’espace et l'instant nécessaire pour observer et discuter, aimer ou rejeter, mais où nous ne sommes jamais indifférents. Laissons l’art être le moyen par lequel nous pouvons partager non seulement nos connaissances, mais aussi notre sympathie. Et enfin, laissons l’art être l’ébauche de notre vie, où nous avons le droit de prendre des risques et d’échouer, pour ainsi lutter contre les préjugés et raccourcir les distances, sans devoir infliger plus de souffrances aux humains.»)



voir aussi

Œuvres de Kiluanji Kia Henda

© Kiluanji Kia Henda
Kiluanji Kia Henda

Redefining The Power I

© Kiluanji Kia Henda
Kiluanji Kia Henda

Redefining The Power II

© Kiluanji Kia Henda
Kiluanji Kia Henda

Redefining The Power III

© Kiluanji Kia Henda
Kiluanji Kia Henda

Redefining The Power IV