Avec les «fake news» et autres «faits alternatifs» en toile de fond, une œuvre comme celle de Laurent Schmid acquiert une nouvelle force explosive: ses images, ses vidéos, ses objets et autres installations interactives questionnent sans discontinuer la prétention de réalité des informations communiquées par les médias. A l’aide de fragments tirés de l’histoire contemporaine et de l’histoire des sciences, l’artiste s’adonne à un jeu malicieux et mémorable avec les faits et la fiction.
Dans ses œuvres, Laurent Schmid reprend souvent le fil de conclusions et de théories souvent contestées voire déjà démenties de physiciens, philosophes, ingénieurs et autres écrivains. Il manipule fréquemment le matériel photo retrouvé, en faisant une mise en scène quasi scientifique, qui remet autant en question une réalité objectivement vérifiable que la véracité de l’image. Citons en exemple la série Flying Knotholes de 2010: elle est basée sur des photos des essais nucléaires américains des années 1950 que l'ingénieur Harold Eugene Edgerton avait réalisées avec son appareil photo révolutionnaire à haute vitesse et qui montraient l’effet des explosions dans des dimensions jusque-là à peine perceptibles. Toutefois, avait précisé ultérieurement Edgerton, les photos avaient été «légèrement modifiées» à des fins de propagande. Usant de sa liberté d’artiste, Schmid a complété ces clichés historiques par d’autres exemplaires et donc créé des « fausses contrefaçons». Les œuvres acquises pour la collection de la Mobilière sont manifestement des photos retravaillées: l’artiste y a intégré des inscriptions, s'inspirant de l'esthétique de la culture populaire. Au dessus des couchers de soleil figurent les noms ou pseudonymes de célébrités réelles ou fictives – les questions identitaires et le schéma idéal sont engloutis par le flamboiement kitsch du soleil couchant.
Schmidt s’est également fait un nom grâce à des installations et des projets multimédias ; il a, entre autres, participé à la LaptopRadio sur Internet. En 1991, il a remporté le Swiss Art Award, de 1995 à 1999, il a été président de la Commission bernoise des arts visuels et de 1997 à 1999, membre du comité central de Visarte Suisse. Il est aujourd’hui professeur à la HEAD Genève, où il est responsable du programme interdisciplinaire Work.Master.
Laurent Schmid est né en 1960 à Bâle (CHE). Il vit et travaille à Genève et à Berne.
Domaines d’activités: photographie, vidéo, objets, installations interactives multimédias, performances