Mariann Grunder comptait parmi les figures féminines majeures de la sculpture suisse de la fin du XXe siècle. Ses sculptures en pierre, qui déclinent souvent des sujets littéraires ou mythologiques, réunissent des éléments du surréalisme, de l’abstraction et de l’art minimaliste. Son œuvre aussi vaste que diversifiée comprend par ailleurs de nombreux dessins et gravures.
Née à Berne, elle débute sa carrière artistique comme peintre, puis, après un apprentissage de tailleur de pierre et des séjours d’étude récurrents à Paris, elle se concentre de plus en plus sur le travail plastique à partir de la moitié des années 1950. Admirative de Henry Moore et de Hans Arp, autant que de Paul Cézanne et de Piero della Francesca, elle développe son propre vocabulaire de formes, qu’elle puise aussi bien dans le constructif que dans l’organique. Les travaux de Mariann Grunder présents dans la collection de la Mobilière l’illustrent de différentes manières. Ce sont, par exemple, les trois feuilles gaufrées Ohne Titel (Sans titre) de 1972, dont les lignes inscrites en relief dans le papier font penser à des paysages, des plantes ou des personnages. Le tracé des lignes n’en accuse pas moins de fermeté dans les dessins réalisés plus de 35 ans plus tard avec des rubans adhésifs sur papier (2007/2008). Comme souvent chez Mariann Grunder, on le doit au transfert expérimental d’observations du quotidien – en l’occurrence celle de la préparation du travail d’un peintre en bâtiment – dans sa propre pratique artistique. Ici, ce sont des photos polaroïd trouvées qui ont servi de modèles. La Skulptur aus Liesberger Kalkstein (Sculpture en calcaire de Liesberg), en revanche, oscille volontairement à la frontière entre l’image et l’objet, entre l’objet trouvé et l’artéfact, trouvant sa tension de la confrontation entre forme géologique et forme géométrique. Sa Muschelskulptur (Sculpture de coquillage) figure toutefois parmi les travaux les plus imposants de la collection. En calcaire noir, cette sculpture datant de 1990 est une réduction élégante de la forme organique d’une coquille en demi-sphère et carré.
Avec son regard ouvert et anticonformiste pour le lien entre la ligne et l’espace, Mariann Grunder a créé une œuvre polymorphe qui, dans son questionnement constant des possibilités qu’offre la sculpture, inspire aussi et surtout toujours de jeunes artistes suisses.
Mariann Grunder (ou Susy Mariann Grunder), née en 1926 à Berne (CHE), où elle est décédée en 2016.
Domaines d’activités: sculpture, arts plastiques, art dans l’architecture, dessin, gravure, techniques mixtes