Les dessins et films d’animation de l’artiste suisse Yves Netzhammer, mondialement connu, explorent la complexité des relations entre l’individu et l’environnement, entre le monde objectif et le monde subjectif. Ses personnages et ses objets, minimalistes et lisses, sont l’expression d’un langage formel incontestablement sien, qui traverse le temps sans rien perdre de son actualité. Ce langage transparaît aussi dans ses installations spatiales où il met lui-même en scène des objets.
L’esthétique tridimensionnelle distanciée de Netzhammer est déjà en place dans le médium du dessin, c’est ce qu’illustrent aussi les œuvres dont dispose la Collection Mobilière. Une des sérigraphies d’une série de six montre deux avant-bras aux doigts rouge sang, tendus vers le ciel. Simultanément, une autre main plus petite s’ouvre en sens inverse, à l’intérieur de chaque avant-bras. Les doigts tiennent des fils, comme si une marionnette se trouvait au-delà du format de l'image. Les gouttes le long de ces fils font penser à des veines, comme si les mains ne tenaient pas seulement un, mais plusieurs fils de vie entre leurs doigts. Dans un autre travail, on voit une créature planant dans l’espace, dressée sur une surface ronde verte, en train de se métamorphoser en arbre. L’artiste explique que dans l’animation conçue sur ordinateur, il trouve un espace ouvert, sans gravitation, où tout est fluide. Les œuvres de Netzhammer s’inscrivent dans le présent, tant au niveau du médium utilisé que du côté de l’observateur. Étrangères, perturbantes et surréelles, elles éveillent pourtant la sensation d’une étrange familiarité. Les scènes que Netzhammer invente ne laissent place à aucun décodage rationnel. Au contraire, plusieurs niveaux de signification s’y ramifient, s’y emmêlent et s’y interpénètrent, comme dans un rêve. Ses travaux sont des jokers qui se substituent aux désirs et aux angoisses, les créatures abstraites et asexuées constituant alors une surface de projection idéale pour le spectateur.
Après un apprentissage de dessinateur en bâtiment, Netzhammer s’est tourné vers l’art, rapidement couronné de succès. Sa création a été récompensée par différents prix, dont le «Prix Mobilière» en 2002, connu à cette époque sous le nom de «Prix Providentia». Ses dessins publiés dans le magazine du Tages-Anzeiger l’ont fait connaître auprès d’un large public à partir de 1999. D’autre part, il investit sa création artistique dans des productions théâtrales. En 2007, Netzhammer a représenté la Suisse à la Biennale de Venise.
Yves Netzhammer est né en 1970 à Affoltern am Albis (CH). Il vit et travaille à Zurich.
Domaines d’activité: dessin, vidéo, installation