De 1948 à 1990, Arnold Odermatt a été photographe de scènes d’accidents au service de la police cantonale de Nidwald. La photo lui servait à établir des preuves. Après sa mise à la retraite, son fils, le directeur Urs Odermatt, découvre l’impressionnant stock de photos dans le grenier de la maison de ses parents. En 2001, une sélection de photos d’accidents est présentée à la Biennale de Venise, ce qui rend le photographe de police et son travail d’un jour à l’autre célèbres dans le monde entier.
Les photos d’accidents d’Odermatt sont plus que des photographies purement documentaires. Elles reflètent avec une précision froide tout l'aspect chaotique d'un accident. Pourtant, l’observateur reste subjugué par l’esthétique de l’instant, tout en étant sans doute aussi saisi d’effroi. Lorsque le commissaire d’expositions Harald Szeemann exposa quelques photos d’accidents d’Arnold Odermatt à Venise, sous le titre Karambolagen (Carambolages), il les appela «paysages romantiques des temps modernes avec accident». Odermatt, en effet, ne photographiait pas seulement l’accident lui-même, mais aussi le ciel nuageux et dramatique, le panorama alpin nappé de brouillard et les curieux accourus. Il était très soucieux de relever chaque détail avec précision car, pour des raisons financières, il ne lui était pas possible de prendre plus d’une photo par accident avec son Rolleiflex. L’une des dix photos que possède la Mobilière doit être particulièrement mise en exergue: Hergiswil, 1961. Le 2 août 1961, Odermatt est amené à fixer sur la pellicule les circonstances du pire accident de la circulation que l’on ait vu jusque-là sur les routes suisses. Seize touristes perdent la vie lorsqu’un car de voyage sombre dans le lac des Quatre-Cantons.
En tant que chef de la police routière, Arnold Odermatt n’aurait jamais imaginé qu’un jour il serait honoré dans le monde entier comme documentariste des drames de la vie et des petites villes de la Suisse profonde. Depuis, il a publié dans son livre In zivil (En civil) des souvenirs autobiographiques tirés de l’album de famille et dans l’ouvrage Feierabend (Fin de journée de travail) des observations du quotidien suisse. Odermatt en effet, tout en travaillant comme photographe de police cantonale, photographiait aussi sa famille, faisait fonction de chroniqueur de village et de portraitiste d’associations.
Arnold Odermatt est né en 1925 à Oberdorf/Nidwald (CHE); il vit à Stans (CHE).
Domaine d’activité: photographie