Daniela Keiser est une promeneuse qui traverse le quotidien avec un regard anthropologique et qui saisit le côté étrange de choses apparemment ordinaires. L’objectif de son œuvre est de mettre à nu le conditionnement de notre perception.
Ses œuvres photographiques précoces, comme Wald (Forêt, 1998) ou une photo sans titre également prise dans un sous-bois (2000) sont des fragments de situations spécifiques, sous une «lumière naturelle théâtrale» comme le dit l'artiste. Les prises de vue agrandies en chambre noire montrent combien un minimum de lumière change un scénario et le charge d’une atmosphère propre.
Le paysage et le cheval de Rot II (Rouge II, 2006) font immédiatement penser au Far-West américain, mais débusquent l’artificialité au sein même de la nature. Cette œuvre fait partie du cycle Die Stadt (La ville, 2004–2007) dans lequel l’artiste a exploré des paysages de décors de cinéma dans différentes régions d’Europe. La nature semble effectivement artificielle ici, mais le cheval apparemment rouge, dont nous voyons l'arrière-train, vient simplement de se rouler dans la terre rouge d'Andalousie. En arrière-plan, le désert de Tabernas où de nombreux films ont été tournés et où l’on a construit des villages entiers pour le cinéma.
L’œuvre de D. Keiser sonde les limites de notre perception; elle analyse la manipulation du spectateur, que ce soit par la mise en lumière et par des juxtapositions suggestives, soit par des instantanés minutieusement choisis, qui ont été sortis de leur contexte. A l’heure de la production et de la circulation inflationniste des images via les réseaux sociaux, où celles-ci échappent à toute possibilité de vérification et où les frontières entre réalité et mise en scène ne cessent de s’estomper, les photographies de Daniela Keiser aiguisent notre regard et notre conscience.
Daniela Keiser a étudié à la Haute école d’art de Zurich et à la Haute école d’art et de design de Bâle. Depuis 2008, elle enseigne à la Haute école des arts de Berne. Son travail a été récompensé par plusieurs prix, entre autres le Grand Prix suisse d’art / Prix Meret Oppenheim en 2017.
Daniela Keiser est né en 1963 à Neuhausen am Rheinfall (CHE). Elle vit à Zurich (CHE).
Domaines d’activités: création d’objets, installation, photographie, vidéo