Yan Duyvendak (*1965)
Dominées à ses débuts par la confrontation souvent ironique et absurde avec les médias de l’audiovisuel, ses œuvres prennent aujourd’hui des dimensions politiques. Aujourd’hui comme hier, le performeur Yan Duyvendak fait preuve avec ses projets interdisciplinaires, qu’il présente dans le monde entier, d’une sensibilité aigue pour identifier les modèles et les mythes de la société contemporaine.
Yan Duyvendak a fait ses études artistiques entre 1980 et 1992 à l’École cantonale des beaux-arts de Sion (actuellement édhéa, à Sierre) et à l’École supérieure d’art visuel de Genève (actuellement HEAD). Depuis 1995, les performances expérimentales, mais conçues dans les moindres détails, figurent au premier plan de sa création, qui comprend aussi le dessin, la photographie, les vidéos et les installations. Il présente ces performances en différentes circonstances, en leur apportant parfois quelques modifications. Il va d’abord s’intéresser à l’esthétique, aux clichés et à l’impact de la télévision et du cinéma sur les comportements. Avec une maîtrise scénique absolue, il mime par exemple des effets spéciaux tirés du film culte Matrix, projetés simultanément sur un moniteur, ou bien il rejoue chaque scène d’un zapping à travers les chaînes de télévision. Après les attentats du 11 septembre, ces analyses souvent amusantes, burlesques, parfois tragicomiques, vont peu à peu faire place à des projets qui se réfèrent aux évènements mondiaux et qui transforment souvent le public en décideur, voire en acteur: il peut, par exemple, choisir les scènes qui vont être jouées (Made in Paradise, 2008) ou signer des contrats sur des opérations de secours pour réfugiés (Action, 2016). Face à la violence et à une politique généralisatrice, l’artiste renforce la capacité d’agir et le potentiel créatif de l’individu.
Yan Duyvendak, qui travaille souvent en collaboration avec d’autres performeurs ou professionnels du théâtre et de la danse, a obtenu plusieurs distinctions pour ses œuvres de grande actualité, dont trois fois le Swiss Art Award (2002/2003/2004), ainsi que le Prix Meret Oppenheim (2010).
Yan Duyvendak, né en 1965 à Zeist (NLD), vit et travaille à Genève (CHE) et Marseille (FRA).
Domaines d’activités: performance, théâtre, film, dessin, objets
L’art est dans une discussion continue sur la pertinence ou l’incidence qu’elle devrait avoir sur la société, sur ses implications directes avec elle ou pas. Quant à moi, je considère que c’est mon obligation morale de parler dans mon travail de sujets qui nous impliquent ou concernent, en tant que citoyens. Je pense qu’il est important de réfléchir ensemble autour de sujets qui traversent nos sociétés: désastre climatique, rencontre de cultures différentes, réception de réfugié.e.s. Comment sinon pourrais-je me considérer un être humain politique - politique dans le sens de vivre ensemble dans la polis, la cité.
