Rudolf Mumprecht (1918-2019)

«Dessiner en écrivant, écrire en dessinant»: c’est ainsi que Rudolf Mumprecht a décrit un jour le programme de son art, avec lequel il arpente les association d’idées entre le mot et l’image dans des dessins, gravures et autres aquatintes.

Mumprecht a grandi à Berne, où il a fait un apprentissage de cartographe. Au début des années 1950, il vit plusieurs années à Paris, fréquente les cours du sémiologue Roland Barthes à la Sorbonne, revient vivre entre-temps en Suisse, puis s’installe à Versailles de 1961 à 1964. Mumprecht vient à l’art en autodidacte. Inspiré par l’œuvre précoce de Ferdinand Hodler, il débute par la peinture figurative, puis se tourne vers l'abstraction gestuelle à la fin des années 50. Il en développe un style quasi calligraphique. Après son retour de France, il s’installe à Köniz près de Berne en 1965. En 1968, il y réalise Le Miroir, le travail le plus ancien de Mumprecht dans la collection de la Mobilière. Das trojanische Pferd (Le cheval de Troie), Le roi de l’échiquier, La pendule heureuse, La girouette et Le grand jongleur sont d’autres œuvres (non datées) de la même époque. Leur point commun: l’interpénétration ludique et virtuose du désignant et du désigné dans l'espace image. Le mot devient motif sans perdre sa signification. Ce n’est pas par hasard que Mumprecht se tourne vers l’écriture en tant que médium visuel. Dans des tableaux d’écriture impétueux, souvent bilingues, comme sichtbar sichtwahr (1979) ou Rendre prendre comprendre (1979), où il fait danser de longues rangées de lettres entre aphorismes et poésie dadaïste, il laisse entrevoir combien le processus de l’écriture est devenu pour lui important en tant qu’acte – acte littéraire pour composer des mots, acte artisanal pour graver des mots. Les 12 Natures mortes (1983), en revanche, témoignent d’une grande légèreté dans le dessin et s’exercent à visualiser la quintessence de l’harmonie dans des rencontres improbables d’objets, de fruits et d’organes.

Avec sa passion de l’expérimentation et son humour subtil, le peintre du langage Rudolf Mumprecht occupe une position artistique indépendante dans l’histoire de l’art suisse.

 

Rudolf Mumprecht, né en 1918 à Bâle (CHE), a vécu et travaillé à Köniz (CHE). En 2019 il est décédé à Berne.

Domaines d’activités: dessin, peinture, gouache, collage, arts graphiques, écriture, aquatinte, eau-forte

Site internet de Rudolf Mumprecht


voir aussi

Œuvres de Rudolf Mumprecht

© Rudolf Mumprecht, 2018 ProLitteris Zürich
Rudolf Mumprecht

Les 12 Natures mortes

© Rudolf Mumprecht, 2018 ProLitteris Zürich
Rudolf Mumprecht

sichtbar sichtwahr

© Rudolf Mumprecht, 2018 ProLitteris Zürich
Rudolf Mumprecht

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